23 août 1997 : veillée des JMJ de Paris. Qu’est devenue la génération « Jean Paul II » depuis ?

Peter POTROWL (2011), le pape Benoît XVI aux JMJ de Madrid de 2011, Wikimédia : Licence Commons.

Jean Paul II passe, particulièrement en France, pour le pape qui a su redonner de l’élan à la jeunesse catholique. À l’origine de nombreux engagements personnels, vocations ou mariages, certains pratiquants très reconnaissants parlent d’eux-mêmes comme faisant partie de la « génération Jean Paul II ». Ils ont retrouvé la fierté d’être catholiques, disent-ils, grâce au pape polonais. Cela est dû en grande partie au succès des « Journées mondiales de la Jeunesse » (JMJ) de Paris. La grande veillée qui marque la fin du festival eut lieu le 23 août à l’hippodrome de Lonchamp à Paris et fut assurément un succès. Il s’agit d’une étape franchie avec éclat par le pape vers le Jubilé de l’an 2000 à Rome.

Le projet de ré-évangéliser l’Europe se doubla très tôt chez le pape polonais par la recherche d’un projet pastoral ambitieux pour y parvenir. N’ayant pas peur des nouvelles formes d’évangélisation, découvertes très tôt dans ses voyages, notamment aux États-Unis, il chercha à combiner l’esprit des grands festivals qu’affectionnait la jeunesse, un certain culte à la personne du pape et la liturgie catholique. Les JMJ furent assurément un succès pastoral même si leurs retombées exactes sont encore dures à quantifier…

À Paris, on attendait même un pape fatigué et on s’interrogeait sur sa capacité à mener jusqu’au bout les célébrations. Un an auparavant, la commémoration du baptême de Clovis (en 1996) ne s’était pas vraiment bien passée. Force est de constater que, cette soirée d’été 97, le succès est au rendez-vous. Devant l’affluence inattendue, le Préfet de Police de Paris fait fermer les grilles de l’hippodrome et, à la hâte, des organisateurs doivent aménager un écran géant. Il faut dire que les évêques français se sont donnés pour cet événement. Ils ont ménagé les différentes sensibilités du catholicisme hexagonal. Les scouts d’Europe peuvent côtoyer les mouvements d’Action catholique ou les charismatiques. Il a été demandé par les évêques au pape de ne pas réserver aux jeunes Français ses diatribes anti-IVG comme il avait pu le faire à Denver : la culture est ici différente et cela ne serait pas ressenti de la même manière.

1997 illustre finalement bien toutes les ambiguïtés de la relation de Jean Paul II à notre pays. Le pape l’affectionne particulièrement, qu’il a visité à de très nombreuses reprises et d’où il tire de très nombreux modèles mystiques (Louis-Marie Grignon de Montfort, le curé d’Ars, les apparitions mariales). Mais il ne semble pas totalement comprendre la France dans sa complexité. Il semble plutôt projeter sur lui sa grille de lecture polonaise en s’adressant par exemple à lui comme une personne : « France, qu’as-tu fait des promesses de ton baptême ? » . Qu’importe qu’il y ait eu une autre confession sur le territoire de ce qui allait devenir la France avant le christianisme (le judaïsme) ou que, depuis la Révolution, la citoyenneté ne repose pas sur une base religieuse ou ethnique mais davantage sur à l’adhésion à un pacte démocratique.

Le pape polonais eut aussi beaucoup de difficultés à comprendre comment l’enfant modèle du catholicisme français dans l’après-concile soit devenue une fille bien turbulente avec ses mouvements contestataires, comme ceux nés dans le sillage de l’évêque Jacques Gaillot à qui il retira son siège d’évêque d’Évreux… Patiemment, nomination après nomination, le pape s’attacha à reconstruire un épiscopat en accord avec son programme et l’image qu’il se faisait de la France. Son étendard fut assurément Jean-Marie Lustiger, l’archevêque de Paris, qui ne parvint jamais toutefois à devenir président de la Conférence des évêques de France. S’appuyant sur des nouvelles communautés davantage que sur l’Action catholique, devenue trop turbulente, centrées sur une pastorale des vocations et qui mettent un terme aux expérimentations modernisatrices des décennies passées…

Que reste-t-il aujourd’hui de ce rêve de reconquête dont la France était au coeur ? La baisse de la pratique ne s’est pas stoppée. Malgré le rêve des JMJ, de nombreux diocèses sont exsangues sur le plan des finances et des vocations. Des communautés fleurons de la reconquête ont dû reconnaître que derrière la façade clinquante il y eut de nombreux abus… Le pluralisme, qui fit longtemps la force du catholicisme français, y a sûrement beaucoup perdu, cadres et prêtres étant très majoritairement issus aujourd’hui d’une frange identitaire qui peine à chercher des nouvelles formes d’engagement… 

Pour en savoir plus sur Jean Paul II et découvrir des aspects moins connus d’un saint que certains ont souhaité voir canonisé en urgence au prix d’une série de difficultés dans l’Eglise catholique aujourd’hui :

Christine PEDOTTI et Anthony FAVIER, Jean Paul II, l’ombre du saint, Paris, Albin Michel, 330 pages.

Disponible en magasin : la Librairie, la Procure, la FNAC, Cultura, Amazon et dans toutes les bonnes librairies ! Et pour les « fans », le site Témoignage chrétien propose des exemplaires dédicacés.

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