Qui a poussé les cris de « Santo subito » le jour des obsèques de Jean Paul II sur la place Saint-Pierre ? L’ensemble du Peuple de Dieu, éploré par la perte du plus grand pontife du 20ème siècle, vainqueur du communisme et restaurateur d’une Église sûre d’elle-même, ou bien un petit groupe d’individus à l’agenda depuis longtemps défini ?
À y regarder de plus près, le profil des thuriféraires est bien marqué. Foccolari, Légionnaires du Christ, ils sont issus des nouvelles communautés, qui ont déclassé les vieux ordres à la démographie laissée exsangue dans l’après-Concile. Célébrer Jean Paul II et en faire un saint, c’est protéger idéologiquement ce qui leur est le plus important : une théologie de la puissance, des vocations nombreuses et des certitudes. Et le processus n’est pas fini : l’épiscopat polonais a introduit cette année la cause en béatification des parents du pape Wojtyla et certains veulent en faire pas moins qu’un « docteur de l’Eglise ».

N’est-ce pas trop, et trop rapide, pour un seul homme ? 15 ans près sa mort, les doutes apparaissent. Poursuite de l’érosion démographique, de la pratique et des vocations, scandales à répétition autour d’affaires d’abus et de pédocriminalité, perte de sens du catholicisme dans nos sociétés occidentales… Le pape François essaie de promouvoir une Eglise des pauvres, consciente de sa faiblesse, au service des enjeux de ce monde. Le temps n’est-il pas venu de faire l’inventaire de pontificat aussi éclatant qu’encombrant ?
Pour en savoir plus sur Jean Paul II et découvrir des aspects moins connus d’un saint que certains ont souhaité voir canonisé en urgence au prix d’une série de difficultés dans l’Eglise catholique aujourd’hui :
Christine PEDOTTI et Anthony FAVIER, Jean Paul II, l’ombre du saint, Paris, Albin Michel, 330 pages.
Disponible en magasin : la Librairie, la Procure, la FNAC, Cultura, Amazon et dans toutes les bonnes librairies ! Et pour les « fans », le site Témoignage chrétien propose des exemplaires dédicacés.